dimanche 11 novembre 2007

Les siddhas des Jains

La mention la plus ancienne du mot « siddha » a été trouvé dans les cercles jaina. On trouve ce terme dans l’inscription dans une grotte à Udayagiri au nord de Bhubaneswar en Orissa, qu’on date du deuxième au premier siècle avant J.C. L’inscription commence tout simplement avec un hommage aux arhats et aux siddhas (namo arahantānaṃ namo savasidhānaṃ). [1]

Le maître jaina Kund Kund acarya (ou Kunda Kunda 2ème siècle AD[2]) donne la définition suivante d’un « siddha » dans son oeuvre Ashta Pahuda (les huit offrandes) :

« 6. Le grand saint qui a triomphé sur l’orgueil, l’attachement, l’aversion, la méprise, la colère et la concupiscence et qui observe les cinq grands voeux (mahaavrata) [3], est appelé un « ayatan ».

7. Un siddha (parfait) est celui qui a accompli son but authentique, qui a une méditation pure et possède la connaissance. Un tel siddha, qui est le meilleur des saints ermites et qui connait son but authentique est appelé un « siddayatan ».

12 & 13. Dotés d’une vision (darśana) sans limite, d’une connaissance (jñāna) infinie, d’une énergie infinie et une béatitude permanente, débarassé du corps et libre de la servitude des huit sortes de karma, incomparables, inchangeables, imperturbables, et imaginés séjourner dans la région des Parfaits dont la forme est à abandonner, les Siddhas constituent une « pratima » ou bien une forme de l’informe.

32. Un Arhata (destructeur de l’ennemi ou du karma) est celui qui a atteint le 13ème degré de développement spirituel, l’incarnation de la connaissance absolue, dotée des 34 merveilles et des 8 emblèmes. (Le 14ème degré est représenté par le siddha désincarné qui a abandonné son corps). »[4]

Le fondateur ou réformateur du jinisme, Vardhamana ou Mahavira, contemporain du Bouddha, a quitté son corps à l’âge de 72 ans en jeunant jusqu’à la mort et en atteignant la libération complète (mokśa). Il est dit séjourner au faîte du monde (loka ākāśa) comme un siddha (parfait) dans un état de béatitude permanente. En fait, c'est à l'âge de 42 ans qu'il atteignit l'état d'isolement (kevala). C'est-à-dire que son âme s'était défait du dernier résidu de karma et qu'elle était autonome, pure conscience et de ce fait omnisciente. Il continua à enseigners jusqu'à sa libération finale.[5] Patañjali recommande également la recherche d'un état qu'il nomme Kaivalya (isolement) et dit que l'individu qui y parviendra est "délivré du monde" de façon permanente et stable.[6]



[6] Upanisads du yoga, Jean Varenne, p. 26

« Dans les concceptions et la terminologie jaina, la délivrance est souvent dénommée « accomplissement, réalisation, Perfection » (siddhi), terme qui désigne aussi, au faîte du monde, le lieu où se regroupent les âmes rendues à leur pureté naturelle, à leur vie exclusivement spirituelle : ce sont les « Parfaits » (siddha), mentionnés dès les premières strophes du [paramātmaprakāsa de Yogīndu]. »[6]

Traditionellement, il y a trois types de séjours pour les siddhas sémidivins : les sommets de montagnes près du centre ou de la périphérie du disque terrestre (Bhūloka), dans les régions atmosphériques au-dessus de la sphère céleste (Svarloka) et au sommet de l’œuf cosmique au niveau diversement connu comme Brahmaloka, Satyaloka ou Siddhaloka.[7]



[1] Indian Estoteric Buddhism, Ronald M. Davidson, p. 173

[2] Dundas, The Jains. London, NY: Routledge, 2nd edition, 2002.

"Nothing is known of Kundakunda's life. Although scholarship has conventionally located him in the second or third century CE, hagiographical accounts do not appear until the tenth century, a fact which has prompted a recent radical reassessment of his dating which would locate him after 750 CE. [an endnote reference is here, which I'll get to in a moment] ... Tradition regards Kundakunda as being the founder of the Muula Sa'ngha, the main Digambara ascetic lineage..." (p.107)

[3] 30. (1) Non-injury (2) Refraining from falsehood, (3) not appropriating unoffered things (4) celibacy and (5) freedom from possessions.

[5] Indian Religions edited by Peter Heehs, p. 90

[6] Lumière de l’absolu, Yogiindu, Nalini Balbir et Colette Caillat, p. 32

[7] Kiss of the yogini, David Gordon White, p. 167

Aucun commentaire: